mardi 2 août 2011

Papallacta et Otavalo

Et oui. On l'a vu, son Harry Potter! Dans une salle de cinéma à Quito où quelqu'un a trouvé que ce serait une bonne idée de poser l'écran 3 pieds trop haut. Ainsi, à moins d'être assis dans la dernière rangée du fin fond de la salle, on risque d'envoyer nos yeux rouler dans leur orbite à chaque tentative de les lever vers l'image. Et Laurie fait dire qu'elle est traumatisée parce que dans les trios du cinoche, ils offrent des Halls pour remplacer le chocolat du trio cochonnerie.

Nous pieutons comme toujours à Quito d'où plusieurs destinations sont accessibles. Entre autres, une petite escapade d'une journée à Papallacta pour y profiter des bains thermaux. Quelques films de catégories C et toujours correctement sanglants nous entretiennent (sans nécessairement nous divertir, d'où la nécessité d'utiliser ici un anglicisme, désolé pour les puristes...) dans l'autobus en attendant l'arrivée à destination. Sur le chemin, plusieurs cascades et même quelques lacs, plutôt rares ici, sont envahis pas les nuages qui semblent se condenser dans les hauteurs que nous atteignons. Surtout des hautes herbes d'un vert jaunâtre, et quelques petites forêts plus foncées dont les arbres ne doivent pas dépasser 10 m, couvrent les sommets en une mosaïque irrégulière. La truite fraîche est en vedette partout, dans les petits restos à deux ou trois tables, comme chez les habitants. L'autobus nous laisse donc dans le village de Papallacta qui baigne dans cette ambiance bien apaisante, et de là, nous devons attraper un taxi (style pick-up avec une cage couverte à l'arrière) pour monter encore un peu sur une route cahoteuse qui nous mène à l'attraction principale. Les bains. Toujours entouré de ces collines verdoyantes et brumeuses où broutent quelques vaches au regard absent, le complexe des bains est divisé en plusieurs sections, incluant hôtel de luxe et tout le tralala. Nous accédons à la section la moins onéreuse pour nous retrouver dans un paysage certainement irréel pour l'endroit. Les maisons en bois et en briques aux toits de tôle laissent ici place à des aménagements dignes d'un parc d'attraction pour enfants. Des chemins de ciment mène d'un bain à l'autre, lesquels sont entourés de grosse pierres cimentées et parsemés, au fond des bassins, de petites tuiles bleues carrées bien typiques des bains de chez nous. Les quelques bâtiments sont de béton bien arrondi et abondamment peints d'un brun marron. L'air est bien frais, et on gèle comme il faut, jusqu'à ce qu'on se plonge dans ces bains qui dégagent autant de vapeur qu'un chaudron bouillant, chauffés naturellement par les volcans environnants. Au milieu de tout ça, une rivière coule, très agitée, passant à côté d'un des bains, et sous un pont piétonnier. Au-dessus, près d'une fleur singulière qui se prolonge en une tige feuillue tourbillonnant jusqu'à son apogée, se nourrit un petit colibri d'un orange brûlé éclatant. Il repart aussi vite qu'il est venu, dans son état d'hyperactivité permanent, typique à son espèce.

Entre Papallacta et Otavalo, nous avons la chance de revoir Charlotte pour un souper indien à Quito (ok, on ne l'avait quittée que depuis trois jours, mais bon...). Ses récits comblent notre souper, elle qui possède un talent certain pour toujours se foutre les pieds dans les mésaventures les plus rocambolesques qui soient. Ensuite, de jeudi à lundi, ce fut Otavalo. La ville, de taille relativement modeste (pour une ville) est tiraillée entre ses influences multi-ethniques qui se reflètent dans les marchés diurnes et la modernité qui y fait rage à travers les jeunes Équatoriens et les touristes qui traînent près des clubs la nuit. Étant des oiseaux de jour (peut-être dur à croire dans le cas de Laurie, je vous l'accorde, mais en voyage elle est pas si pire que ça), on a plutôt goûté au côté multi-ethnique, qui est d'ailleurs celui qui nous intéresse. Les marchés sont tout ce qu'il y a de plus typique, et surtout le samedi, leur jour officiel, où ils prennent de l’expansion partout dans les rues de la ville. Tout d'abord, tôt le matin, un peu à l'extérieur, le marché des animaux où une foule immense assiste aux échanges de porcs, vaches, lapins, chiens, poulets, cochons d'inde (auquel on n'a pas encore goûté d'ailleurs), de quelques moutons, et de rares lamas. Dès notre arrivée, l'entrée semble inaccessible tant la foule est dense. On se tasse un peu au fond, dans le coin des porcs où une lutte déchaînée a lieu entre deux fermiers qui tirent une corde et, à l'autre bout de cette même corde, un porc immense qu'ils viennent d'acheter. Ce dernier se bat de toute ses forces et tente de fuir de tout côtés en laissant échapper des cris terrifiants dignes des porcs de Princesse Mononoke, pour ceux qui connaissent. Ses nouveaux maîtres tirent eux aussi de toutes leurs forces sur la corde pour calmer la bête et tenter de l'emmener avec eux. La même scène se répète à maintes reprises dans les coin de porcs qui, avouons-le, ont un caractère de cochon.

Le marché des arts locaux est un peu plus civilisé tout de même, mais il faut être prêt à marchander pour s'y aventurer. Tricots de toutes sortes et de toutes couleurs, hamacs, flûtes et mandolines, habits traditionnels, bijoux, et nombreux autres cossins confectionnés pour touristes, dont certains sont même adaptés aux images occidentales (un tricot traditionnel de Spider-Man?). Nos pas à travers ce marché finissent par nous mener un peu plus au sud de la ville où le marché fruitier s'étend. Une incroyable diversité de couleur et d'odeurs, quoique rien qui nous semble bien étranger (il faut dire qu'on importe chez nous la majorité des fruits commercialisés en Amérique Latine). N'empêche, en voyant les étalages d'épices et d'herbes fraîches, les rangées de brocolis, tomates, chou-fleurs, pommes, oranges, ananas, avocats, papayes, et tant d'autres, une question demeure. Pourquoi bordel s’obstinent-ils ici à bouffer des plantains et du yucca sans épices et sans saveur? Les autres fruits et légumes ne sont pourtant pas plus chers dans le marché (quoiqu'en ne jugeant qu'avec des prix destinés aux touristes, le jugement peut être biaisé). Bref... les aventures du marché!

Le coup de coeur d'Otavalo fut sans doute sa campagne, très accessible à pieds. Nous sommes partis un matin, sur une route qui rapidement passa du béton aux petites pierres cimentées et irrégulières. De part et d'autre, des modestes demeures bien tranquilles entourent d'abord le chemin jusqu'à ce qu'elle se fassent plus rares et plus éloignées de la route, séparées de cette dernière par des champs. La ville d'Otavalo s'étend bientôt bien petite à nos pieds alors qu'on s'élève au-dessus d'elle. Puis, en s'enfonçant dans les campagnes sous un ciel bleu aux nuages toujours impressionnants et aimantés par les volcans environnants, on découvre un Équateur différent. Les gens nous saluent chaleureusement, alors que l'on marche sur les chemins de roche et de terre qui séparent leurs propriétés. Ici, aucune monoculture intensive, les parcelles sont généralement petites, changeant de couleur d'une à l'autre selon les plantes cultivées et leur stade de croissance. Certaines, en jachère, contraste de leur couleur jaune-orangé avec le brun des parcelles récemment retournées, ou le vert intense des quelques rizières et des jeunes pousses de yucca, munies de petites fleurs mauves. Cette toile carottée que créent les champs agricoles épouse à merveille la courbe des collines qui entourent Otavalo et les environs, autant où nous nous trouvons que sur les monts lointains qui, en raison de la distance qui nous séparent d'eux, abordent un ton bleuté. Éventuellement, sur la droite, un lac immense se détache des champs, inondant toute la vallée avoisinante dans son bain. Puis, au bout de la route, notre objectif. Un centre de rescousse pour les oiseaux de proie du pays. Survolé par quelques urubus libres qui sont sans doute attirés par les oiseaux en cage ou par leur nourriture, le centre est magnifiquement posé au sommet d'une butte majoritairement agricole. Des chemins et des murets de pierres mènent d'une volière à l'autre, nous permettant d'admirer de près une faune aviaire des plus impressionnantes. Certains petits hiboux, immobiles sur leur mur de pierre, semblent s'y être encastrer définitivement en d’immortelles statues. Seul leur clignement de paupière trahie la vie qui les habite. Une secte d'effraies, un peu plus loin, semble toujours sur le point de procéder à un sacrifice, nous regardant de travers dans leur robe claire. L'aigle harpie est également des plus particuliers, arborant avec fierté la couronne de plumes qui entoure sa tête. Je dois dire que, pour un bouffeur de paresseux, son cri est des moins intimidants qui soient, ressemblant un peu à un miaulement de chaton. Toutefois, aucun ne surpasse notre fascination pour le condor des Andes. Près d'un mètre de haut lorsqu'il se dresse sur ces pattes, il ressemble à une grosse dinde à tête hideuse entourée d'un collier de fourrure blanc, et qui sautille en se promenant sur ces deux grosses pattes aux griffes si petites qu'il n'y aurait pas de quoi rendre jalouses les crécerelles du centre. Toutefois, l'illusion de la grosse dinde se perd totalement lorsque l'oiseau ouvre ses ailes pour grimper ou descendre de son perchoir. Des ailes immenses qui se déploient, dont certaines plumes doivent avoir la taille de mon avant-bras, et dont chaque coup d'aile émet un son grave et sonore, un peu comme une grosse tige de bambou qui fend l'air. L'envergure totale du condor doit être plus grande que ma personne. Définitivement notre coup de coeur.

À part ça, on est encore et toujours de retour à Quito. On a planifié et déplanifié un tour organisé en Amazonie parce que, après tout, la majorité de ce qu'on y aurait fait aurait été du déjà fait à Arutam. Donc, pour la suite, ça reste à suivre...

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