jeudi 25 août 2011

2e essai vers le Pérou

Ce n'est pas chose simple d'atteindre le Pérou par la route des Andes. Un peu comme essayer de faire quoi que ce soit sur ce satanné ordi. Il y a des bouchons, des emcombres, et il faut passer par tous les moyens pour arriver à nos fins (et bien sûr, on oublie les photos et la mise à jour de la carte pour ceux qui la suive).

Donc, hier, départ de Palanda. Je me sens mieux (voir le texte de Laurie), et l'autobus avance, comme entre Vilcabamba et Palanda, sur des routes à peine praticables. Des chemins de terres sinueux, souvent récemment tapés, traversant à l'occasion de petits ruiseaux peu profonds (heureusement) qui se jettent en cascades sur la route pour continuer leur chute à peine plus loin, de l'autre côté où les falaises plongent au fond de la vallée. Après deux heures, arrivée à Zumba, une ville frontière poussièreuse qui propose un avant-goût de la sécheresse qui nous attend au Pérou. Le terminal d'autobus est désert, perdu un peu à l'écart du reste, dans le sable et la poussière. Une grande bâtisse blanche ternie, dont seuls trois locaux semblent encore utilisés parmis les nombreux abandonnés. Un par une compagnie de tranport (fermée à notre arrivée), et deux par des venderus de boissons et crèmes glacées. Nous avons le choix d'attendre que le bureau de transport réouvre pour acheter des billets ou de partager un taxi, ainsi que les frais, avec deux allemandes qui, comme nous, cherchent à atteindre le Pérou. Nous apprendrons plus tard qu'elles sont en fait soeurs, et que la plus vieille, Cornélia, est médecin, alors que la plus jeune, Suzanne, vient de finir ses derniers examens pour suivre les pas de son aînée.

Bref, un pick-up comme taxi et les sacs dans la boîte, nous partons sur un chemin de campagne longeant une crête formée par de petites collines couvertes d'herbes, chemin d'ailleurs trop étroit pour que deux voitures se croisent. Le cas échéant, notre chauffeur à moitié endormi doit faire des pieds et des mains pour réussir le croisement sans nous précipiter dans l'abîme. Une intersection survient au milieu de nulle part, avec un barrage militaire où nous devons montrer nos passeports à des enfants ayant à peine atteint la puberté, déguisés en soldats et armés jusqu'aux dents. Après un peu plus d'une heure de route, nous atteignons le village de La Balsa, la vraie frontière, où nous débarquons. Un petit contrôle très peu formel dans une petite cabane de chaux où l'officier semble presque heureux de s'être trouvé une tâche pour s'occuper, et nous voilà sortis du pays en bonne et due forme. Nous traversons à pieds le pont international de 60 mètres, et nous atterissons en territoir péruvien de l'autre côté de la rivière, sans étampe et sans contrôle. Le village se prolonge un peu, en trois rues et quelques maisons. Quelques enfants jouent au fútbol (dans le bon sens du terme) au bord de la rivière. Un homme nous indique une vieille cabane de bois où figure l'inscription migracíon. La porte est barrée. L'homme nous dit qu'il nous faut attendre jusqu'à 15h puisque l'officier est parti manger. Il est 13h30. Et pis merde, pas besoin de foutue étampe, et puis on a jamais essayé de rentrer illégalement dans un pays. Il faut bien une première à tout! On trouvera bien moyen de ressortir sans trop de pépins, quitte à monter dans le compartiment à bagages d'un avion. Nous prenons donc un taxi et nous enfonçons dans le pays sans plus de soucis... ben non! En fait, après 5 minutes d'attente devant la cabane de migration, un taxi arrive et le chauffeur nous offre son aide afin de profiter plus rapidement de notre argent. Il nous amène chez l'officier en poste qui lui glisse, à travers une fente dans la porte, des papiers que nous remplissons, que nous faisons approuver par le policier de la place - un bonhomme moustachu et bedonnant - et que nous ramenons au premier officier - lui en boxer - pour hériter de notre étampe. Rien de moins formel. On est loin des douanes états-uniennes!

Le chauffeur nous amène donc sur un autre chemin de terre vers la ville de San Ignacio, trajet d'environ une heure et demie sur lequel il faut zigzaguer entre les troupeaux de vaches et les ânes que leurs propriétaires ne parviennt pas à faire bouger. La ville en est une autre faite de poussière et de béton, de chaux et de grosses briques artisanales si irrégulières qu'on en vient à se demander comment les murs tiennent. De là, encore un taxi collectif avec les soeurs allemandes vers Jaén. La route, toujours en terre, s'élargit et devient mieux tapée, plus régulière, et finalement goudronnée, si bien que notre nouveau chauffeur s'en donne à coeur joie. Le trajet, qui devait prendre trois heures en autobus, n'en prend pas deux! Et difficile de trouver plus beau paysage pour nous accueillir au pays que cette route. Située dans une plaine rizicole au pied des Andes, les collines qui nous entourent, si elles ont une taille modeste, n'en sont pas moins magnifiques. Largement érodées dans le haut, elles laissent apparaître des falaises sablonneuses aux reflets jaunâtres dans la lumière déclinante du jour, et au pied desquelles descendent des forêts tropicales sèches ou de simples arbustes et quelques brins d'herbes asséchés et éparses. Dans la vallée se succèdent de larges rizières en terrasses, parfois asséchées et parfois inondées, et même si elles n'arborent pas un vert aussi éclatant que celles d'Asie, elles n'ont rien à leur envier. Des rangées de palmiers se succèdent sur le bord de la route ou sur les digues des rizières, et très loin, au sud, à l'est comme à l'ouest, se découpe en silhouette la cordillère des Andes dans toute son immensité. Le soleil dans la plaine nous est caché à un certain moment par un cumulus, mais au loin, ses rayons percent en divers points dans les vallées avoisinantes, et malgré la sècheresse apparente de la végétation, ils y trouvent suffisament d'humidité pour donner à ces vallées des airs enchanteurs, les éblouissant de lumière. Puis, Jaén. Une plaque de béton déposée dans la plaine en d'étroites rues claustrophobiques entourées de blocs carrés, usés et noircis servant à qui en a bien besoin. Pas grand-chose à explorer, ou à y faire. Simple centre agricole en expansion, nous y arrêtons pour la nuit, nécéssitant un de ses blocs comme escale.

Le lendemain, c'est-à-dire aujourd'hui, re-taxi, cette fois vers Bagua Grande pour une heure de trajet, puis enfin, un dernier vers Chachapoyas, notre réelle destination. Un dernier quatre heures de transport (dont une passée à attendre notre droit de passage dans un secteur en construction) nous mène au-delà de la plaine rizicole où se développe Jaén. Tout d'abord, un paysage de butes désertiques, aux buissons et aux cactus nombreux, à la terre rouge et aux herbes rares et asséchés, est le théâtre de nombreuses réunions d'urubus à tête noire, sans doute occupés à jacasser de la dernière carcasse dans laquelle ils ont pu plonger leur tête. Puis, après un retour dans un coin rizicole où serpente un rivière aux eaux vertes tirant un peu sur le bleu, nous nous enfonçons de nouveau dans la cordillère, empruntant la même vallée que la dite rivière. Cette dernière est de plus un plus agitée et écumante au fur et à mesure que nous grimpons, et les montagnes nous laissent encore une fois sans voix. Leurs flancs sont si escarpés que les falaises rocheuses sont nombreuses, et leurs crêtes immenses, qui plongent vers le sol et qui se teingnent de bleu en altitude tant elles sont élevées, sont par conséquent mises à nues. Elles sont à peine recouvertes d'un petit couvert d'herbe d'un vert vif, et parfois, lorsque la pente se radoucit, de quelques buissons ou même de forêts tropicales sèches au teint vert kaki. Et enfin, au bout de la route, ou du moins de notre route actuelle, Chachapoyas, une petite ville sans prétentions, aux petits immeubles d'un blanc sal et aux toits de tuiles fatiguées. Un camp de base pour explorer les environs. À venir dans le prochain épisode.

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