dimanche 27 mai 2012

De Hong Kong à Shanghai

Que dire, que dire, que dire... nous étions donc à Hong Kong aux dernières nouvelles non? Une ville qu'on a rapidement appris à apprécier après que nos corps aient été forcés à se réadapter rapidement à un climat tropical. Une ville bien entassée où tous les gratte-ciels semblent se battre pour savoir lequel est le plus grand et le plus moderne, surtout dans le centre financier où reignent les façades reflétantes, les tuiles de marbre et les traverses piétonnières aériennes qui n'en finissent plus de faire des détours pour vous permettre de traverser une simple artère. Les foules passent rapidement dans leur train-train quotidien, d'une station de métro à l'autre, d'un plaza à l'autre, d'une tour à l'autre, dans ce qui constitue le centre-ville de Hong Kong situé sur la partie nord de l'île du même nom. Au milieu de tout ça, le parc central de Hong Kong permet de reprendre un peu son souffle, plutôt dans l'humidité que dans la fraîcheur avec ses plantes tropicales, ses quelques cascades, ses moustiques et ses avertissements de ne pas trop s'approcher des bosquets puisque les serpents commencent à sortir en cette saison. Un tour dans un train qui monte au sommet de l'île (tiré par un système de poulie sur une pente qui atteint presque 45 degré par moment) nous permet d'apprécier la verdure des alentours. Car si les gratte-ciels du centre-ville, les grues illuminées du port et les rues de Kowloon de l'autre côté du fleuve montrent un visage indiscutablement moderne dans le décor, le reste de l'île de Hong Kong et des 200 plus quelques îles qui font parties de l'archipel et qui s'étendent au sud dans la Mer de Chine ne sont majoritairement que verdure tropicale, quelques rochers sur les berges en plus de quelques plages.

On a profité de notre temps en ville pour revoir une volontaire avec qui nous avions partagé une semaine de travail à Hotani et qui est de Hong Kong. Karen, car c'est son nom, est selon elle-même (et ça semble correspondre assez bien) l'image typique de quelqu'un de Hong Kong. Elle parle vite, mange vite, marche vite (quoique ça, ça reste à prouver), demande énormément d'énergie à ses interlocuteurs tous simplement parce qu'elle en dépense tellement à parler, et tout ça, sans nécessairement arriver où que ce soit plus rapidement que qui que ce soit. Pensez à une boule d'énergie qui tourne en rond... Comme les autres gens de la ville, elle semble extrêmement fière d'être Hongkongaise, et pas Chinoise! N'allez d'ailleurs surtout pas dire à un Hongkongais qu'il est Chinois! (Chose amusante, de l'autre côté, les Chinois semblent bien heureux et fiers que Hong Kong appartienne maintenant bel et bien à la Chine, malgré l'administration différente.) Bref, déambulant dans les rues de Kowloon qui nous a fait penser un peu à New-York avec ses rues à équerre, son air un peu plus vieillo, ses néons et ses magasins de mode hors de prix (le tout à la sauce chinoise, bien sûr), Karen nous a amené un peu à l'écart dans les allées retirées derrière les grandes rues pour voir les marchés de cossins à ciel ouvert. On a finalement abouti dans un petit cube blanc de resto afin de goûter à une supposée spécialité locale. Une omelette au pas-de-goût avec deux plats de viande sans saveur sur riz trop cuit... Horrible... Nous avons maintenant un nouveau référent auquel se fier pour comparer l'horreur potentielle d'une boustifaille râtée! D'ailleurs, côté bouffe, aucune découverte époustouflante jusqu'ici en Chine. Il y a bien eu quelques plats intéressants, des piments farcis au porc bien épicés (trop pour Laurie) ou quelques poulets ou légumes bien apprétés. Mais de façon générale, l'odeur de friture et de gras qui sort des cuisines nous coupe un peu la faim, et on a pu constater que, chose étonnante, il est aussi difficile de trouver un bon dumpling en Chine qu'un bon samosa en Inde. Nous sommes donc quand l'occasion se présente toujours aussi fidèles à notre bien aimé Yoshinoya, un resto de bouffe rapide Japonais dont on ne se lasse pas.

Arrêt suivant, Yangshuo, dans la province de Guangxi. La petite ville (ou plutôt le gros village) comme telle est bien paisible malgré l'affluence de kiosques à souvenirs et de touristes qui y défilent. Il y a quelques petits lacs et quelques rues piétonnières où regarder passer un peu le temps, et la plupart des rues sont encadrées de blocs blancs à deux étages dont la façade décorée de lanternes rouges et les toits de vieilles tuiles décolorées rappelent un peu les maisons traditionnelles, mais c'est le paysage environnant qui constitue tout l'attrait de l'endroit. Des pics karstiques en quantité épousant diverses formes, aux pentes généralement abruptes, irrégulières et recouvertes de verdure surplombent des champs et des rivières qui ondulent dans leurs vallées. L'exploration est libre, et on pourrait facilement s'y perdre pendant des semaines. Plusieurs choisissent les tours organisés, mais on y va bien tranquille et à notre rythme, tout d'abord à pieds sous la pluie qui transforme rapidement les rues en torrents et nos souliers en horribles éponges suintantes, puis à vélo, roulant de petit village en petit village (ce qu'il fait bon de se remettre enfin sur deux roues!) pour finir par se payer un petit luxe avec une minie croisière privée sur la rivière Li en radeau de bambou (s'ils croient qu'on n'y a vu que du feu, le bambou était en plastique, on le sait!!!). Plusieurs buffles d'eau sont occupés à paître ou à se baigner ici et là, quelques aigrettes blanches se tiennent dans les eaux peu profondes bien perchées sur une ou deux cannes, une rangée de bambous échevelés surveille le littoral de près, et avec un peu de chance, un pêcheur fait une démonstration de pêche avec ses cormorans pour d'autres touristes de l'autre côté de la rivière qui s'occuperont de le payer à notre place.

Semble qu'on ait fini de se stresser pour tout voir et rayer notre liste de trucs à faire! On prend la Chine bien à notre aise, visant peu de destinations, profitant un max du rythme de vie paisible que peut se permettre le voyageur, zieutant les gens dans leur routine jusqu'à connaître les détails qui échapperaient aux premiers venus... Et c'est ce qu'on a fait à Yangshuo, tout comme lors de notre bref séjour au village de Ping'an, un peu plus au nord. L'endroit est connu pour ses chefs-d'oeuvre d'architecture agricole, d'impressionantes rizières en terrasses qui couvrent les collines environnantes et qui, dit-on, rappellent les os d'un dos de dragon. Je sais pas, jamais vu de dragon moi, mais c'est ce qu'on dit... Le village qui semble maintenant n'exister que pour le tourisme est un labyrinthe de petites allées piétonnières qui descendent et grimpent sur tous les niveaux. Aucune voiture, moto ou autre bebelle à moteur ne peut se rendre ici. Que des piétons, quelques mules et des porteurs de vieux et d'obèses (des espèces de chaises amanchées de deux tiges de bambou avec un porteur – deux si nécessaire - à chaque bout pour ceux qui ne peuvent grimper dans les rizières par leurs propres moyens). Les bâtiments sont entretenus dans un style traditionnel du coin, de gros rectangles d'au moins trois étages avec toutes les façades recouvertes de planches de bois vieillies, le tout en constante rénovation, du moins en apparence comme le témoignent les dizaines de coups de marteau qui se font entendre à toute heure. Deux courtes explorations des rizières, et nous étions vite de retour au village où l'ambiance du soir tend à nous ramener un peu dans le passé avec les odeurs de charbon de bois et de nourriture cuite dans les tubes de bambou, les lanternes allumées, la musique disco... oui, enfin, pas toujours si loin dans le passé... Dans des cages devant les restaurants, les prises de la journée sont exposées, toujours bien vivantes, pour les appétits intéressés. Canards, faisans, tortues, serpents, rongeur x entre le raz musqué et le cochon d'Inde. Pas de chien ni de chat, juré! Les rizières étant souvent embrumées, nous passons aussi une journée à rien foutre dans notre chambre toute en bois, faisant connaissance avec notre araignée de compagnie, habitant la salle de bain et presque grosse comme ma main... ok, on changé de chambre après...

Et maintenant, depuis près d'une semaine et pour la dernière nuit, Shanghai! La ville est bien plaisante, ça c'est certain. Température beaucoup plus agréable que dans le sud, un systèmes de métro aussi efficace qu'à Hong Kong mais beaucoup moins cher (d'ailleurs, quelqu'un pourrait dire au RMB - la monnaie chinoise - d'arrêter d'augmenter aussi vite de valeur?!), des quartiers propres, diversifiés et bien entretenus, la ville a de quoi charmer! Nous avons passé pas mal toutes nos journées à explorer les différents secteurs, de la rue Nanjing avec son secteur piétonnier bourré de néons à vous faire éclater les globes oculaires jusqu'au bord de l'eau d'où on peut admirer Pudong de l'autre côté du fleuve, le fameau centre financier de Shanghai avec sa série de gratte-ciels; de la concession française et ses allées pouvant être autant étroites, humbles et sereines que larges, bordées d'arbres et bourrées de maisons françaises aux airs snobinards, jusqu'aux innombrables centre-d'achats de Jing'an, où tout l'or du monde semble avoir été investi. Un des plus beaux quartiers, un soit disant bazar dans la vieille ville, est sans doute l'un de nos favoris. Architecture ancienne, peut-être, mais vieille ville, pas du tout! Tout est retapé et bien entretenu dans un petit cadrillage d'allées piétonnières entourées de grands immeubles blancs aux très nombreuses fioritures rouges-marons, laissant l'impression de quelques étages de faux balcons. Les toits sont bien sûr tous en tuiles, et les arêtes n'en finissent plus de remonter aux coins des bâtiments, un peu comme de longs serpents redressant la tête pour saluer la foule en bas. Le blanc, le rouge et l'or reignent ici, les boutiques à touristes sont partout, et les bons prix nulle part. Tout ça, tout Shanghai, gravite de près ou de loin autour du parc central (people's park), l'endroit parfait pour profiter d'un peu d'ombre et pour se faire escroquer comme des amateurs...

Et oui! Première journée à Shanghai, nous débarquons dans le parc central, sûrs de rien et prêts à tout, après une récente conversation concernant notre trop grande méfiance envers les gens qui nous approchent, ce qui nous empêche de créer des liens avec qui que ce soit. À la sortie du métro, cinq filles et un mec nous accrochent et nous demandent de prendre une photo pour eux, prétexte comprendrons nous par après pour entamer la conversation. Une d'elle habite à Shanghai et fait visiter la ville à ses amis et on échange des questions et bla et bla et bla et le groupe s'en va assister à une cérémonie de thé et que notre air sympathique leur donne donc envie de nous inviter et qu'on se laisse donc inviter parce que c'est donc important de profiter des opportunités qui s'offrent à nous et que voilà qu'on est parti et qu'on les suit! Arrivés dans la salle réservée sans doute par le groupe et leur amie démonstratrice, on s'assoie, on se fait expliquer comment ça va fonctionner, la fille prépare et on déguste tous les thés en démo, et on se fait même présenter la liste des prix. Et, pour une raison ou une autre, notre oeil a peut-être glissé qui sait, on ne voit pas vraiment les prix. Les prix ne sont tout simplement pas RÉALISTES, et on persiste à croire en la bonne volonté du groupe, bien sympa après tout! Les prix sont par tasse et par personne, d'accord, et exorbitants, d'accord aussi, mais là, ce n'est pas des tasses qu'on se fait servir mais des quarts de gorgés dans de minuscules tassinettes de dégustation, ça ne peut pas être CE prix inscrit, non? On reçoit la facture... et bien oui, c'était CE prix là! Et leur scénario tient jusqu'au bout, tout le monde sort son moton d'argent pour payer sa part. On fait pareil, on se quitte en de bons termes, et on repart bouche bée, le budget de deux jours en moins. Ça a pris une bonne journée à notre orgueil ou à notre naïveté peut-être à réaliser la vérité, qu'on s'est tout simplement bien fait baisé! Depuis, dans le même parc, on s'est fait reproposer la même chose deux ou trois fois, et on a appris à identifier les groupes qui font ça, à les voir aller pêcher les touristes. On a même recroisé le même groupe ajourd'hui qui s'est enfui devant nous, sauf le mec (de toute évidence pas le meneur mais un mené du groupe) qui a accepté d'affronter ses gestes et de nous confronter. On a pu échanger quelques mots en toute franchise, sans se laisser emporter par la colère, en le questionnant un peu sur ses actions et revenus dans l'histoire, en lui conseillant de faire de lui-même quelqu'un d'honnête, et en n'utilisant qu'un peu de douce vengeance, par exemple en glissant le mot "police" dans la conversation ou en appréciant les nombreux tics nerveux qui lui traversaient le visage en raison du niveau de stress qu'il avait à nous affronter après ses méfaits. Jamais on a vu quelqu'un d'aussi stressé, vraiment!

Enfin, comme je le disais, une dernière nuit à Shanghai, et demain soir, c'est un train pour Huangshan où on est toujours pas certains de grimper la fameuse montagne jaune parce que, après tout, belle vue ou pas belle vue une fois en-haut, le prix d'entrée est pratiquement l'équivalent d'une cérémonie de thé à Shanghai! Y a-t-il vraiment une vue qui valle ça? À suivre, j'imagine, dans la prochaine (et dernière!) mise à jour!

Oh! Dernière chose. Les photos devraient suivre dans quelques jours mais n'auront sans doute pas de titres puisqu'on ne peut se rendre directement sur le blog pour y inscrire nos mises à jour. Mais si tout fonctionne, au moins, on devrait quand même pouvoir envoyer des photos!

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